CHRONIQUE 31

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CHRONIQUES

 

2009

 

 

TRENTIEME  ET UNIEME SEMAINE

 

Le sport. Le sport. Le sport. Le sport. Chirurgie présidentielle. Grandeur consécutive d’Allah

 

 

Cette semaine, les Français ont découvert que leur Président était un homme. Oui, un homme, comme vous et moi. Qui, lorsqu’il court sans chapeau en plein soleil, a un coup de fatigue. Qui avait oublié ce que lui disait sa maman, lorsqu’ils étaient en vacances à Royan Pontaillac, sur la plage du Chaix, sous le restaurant le Koud à Koud, où elle a fêté récemment son anniversaire, « Mon Niko fais ta sieste, il est trop tôt pour sortir, Niko mets ta casquette, Niko ne reste pas comme ça au soleil, Niko arrête de t’agiter, tu me donnes le tournis ! »[1] On ne devrait jamais oublier les recommandations de sa maman : « Fais attention à tes fréquentations, ne gaspille pas ton argent, tu n’as pas besoin de toutes ces montres, tiens-toi droit, arrête de gesticuler en parlant, finis de lire le livre que tu as commencé l’année dernière … »

 

C’est une bien  étrange habitude que prennent nos chefs d’état de vouloir faire du sport ! Faut-il courir vite pour échapper à la crise, au ridicule ? Pour attraper des voix, à grands mouvements de filets à papillons ? Vous voyez De Gaulle et Churchill, dans le petit matin londonien, trottiner à Hyde Park, le long de la Serpentine ?[2] De Gaulle, embarrassé de ses longues guiboles, avec un T-shirt « France libre » et Churchill et sa bedaine essayant d’être à la hauteur, et tante Yvonne au chronomètre. Quel sport auraient dû pratiquer Gandhi, et Martin Luther King pour faire avancer leur cause ? Et Léon Blum ?[3]

Notre Président veut se fait suer. On me dit qu’il pratique également le vélo. Ses conseillers n’ont pas dû lui signaler la communication scientifique faite à un récent congrès à Amsterdam par un professeur de l’Université de Cordoue,  selon laquelle le nombre de spermatozoïdes sains diminue, chez les cyclistes, en fonction de la distance parcourue par semaine. Il en reste 4% seulement au-dessus de 300km hebdomadaires ! Le professeur conseille aux professionnels de constituer, à toutes fins utiles, un stock de sperme congelé, à ajouter à leur réserve de sang.

 

Les Français sont à l’abri de ces turpitudes. Leur amour du sport ne conduit pas à la pratique. Ils aiment le sport cycliste, ils connaissent Raymond Poulidor, ses exploits, ils ont couru avec lui, à St Léo. Vous les avez vus au Tour de France. Des milliers sur les pentes du Ventoux. Ils étaient partis l’avant-veille, avaient chargé quelques provisions de bouche dans le camping-car : pâtés faits maison, confits, charcuteries diverses telles que saucissons, chipolatas, merguez, jambon entier, c’est plus facile à transporter, tripoux et tripes, rillettes, tête de veau, et  rôtis et autres amuse-gueules, propres à faciliter sans danger un séjour en altitude. La boisson n’avait bien entendu pas été oubliée, le vin rosé, évidemment, du Provence, un Corent, en bousset, du cousin auvergnat et une certaine quantité de boissons anisées indispensables dans ces lieux élevés où la déshydratation menace. Plus quelques bouteilles de mousseux, en cas de victoire. Kiki était du voyage. Les voisins n’avaient pas voulu se charger de la grand’mère et du chien. A deux pas du sommet, ils ont vu passer les coureurs, hagards dans cette marée humaine. Ils ont même couru quelque peu à leur côté puis à leur poursuite, pendant dix ou vingt bons mètres en brandissant des fanions, des pancartes, leur chemise et en braillant des encouragements, des insanités, personne ne les a entendus et compris dans les vociférations de la foule. Certains s’étaient déguisés pour la circonstance, en sportifs, en bibendums, avec de ridicules casquettes promotionnelles. La tête de la course disparue au tournant suivant, il ne restait plus alors qu’à se précipiter dans le camping-car, à s’affaler, en sueur après cet effort, sur les banquettes et à regarder, sur le petit téléviseur branché depuis la veille, la suite de la course et surtout l’arrivée, en débouchant quelques bières dont ils avaient fait également ample provision. Et ils se sont souvenus que Poulidor avait remporté l’étape du Ventoux, en 1965, devant Gimondi.

 

Gourbangouly Berdymoukhamedov, non, ce n’est pas un  cycliste, avec un nom pareil, il ne pourrait pas gagner, c’est le Président du Turménistan. Guili-guili…, donc, qui a une formation de dentiste, a inauguré un hôpital en opérant lui-même un patient. Lui est toujours président, à vie sans doute. On n’a pas de nouvelles du malade.

 

Et c’est ainsi qu’Allah est grand.

   



[1] A moi aussi.

[2] Dans le dernier numéro du Nouvel Observateur, 2334 du30 juillet, François Bazin fait la même remarque. Quand les grands esprits …

[3] Idem

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