CHRONIQUE 33

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CHRONIQUES  2009

 

 

TRENTE TROISIEME SEMAINE

 

 

 

Faisons la lumière sur la Lumière. Le côlon de Johnny. L’obésité, encore !  Le woofing. Exposition parisienne. Monokini, bikini, burquini. Du saint patron des barbecues. Grandeur consécutive d’Allah.

 

 

 

D’après la Genèse, Dieu a créé la Lumière. « Que la Lumière soit, et la Lumière fut ». Il en a été très content, a trouvé la chose merveilleuse et l’a gardée pour Lui. Et l’homme avance à tâtons. Il essaie d’y voir clair, surtout la nuit. En fait, depuis qu’il a vu le jour. Alors il bricole dans son coin. Déjà, dans les cavernes, il s’enfumait avec des torches.[1] Il a tout essayé pour s’éclairer, le bois, la paille, le suif, la chandelle, la stéarine, la bougie, l’huile, le pétrole, le gaz, que sais-je, les hérétiques, Jeanne d’Arc, les sorcières, les chats, surtout les noirs, la Fée Electricité, le lumignon, le rat de cave, la lampe à acétylène, (vous vous souvenez du carbure de calcium jeté discrètement dans les vécés de la cour du C.E.G. ?), le briquet, l’allumette, le chaleil, la pleine lune, les lampions, les fusées éclairantes, celles qui annoncent le bombardement, les Philosophes des Lumières, les autodafés, la pile Wonder, les lucioles, la gégène, les accus …

C’est devenu une obsession. Les hommes politiques n’y échappent pas. « Le gouvernement va faire la lumière. », « Toute la lumière sera faite … ». Un incident, un accident, un problème surviennent, un ministre arrive avec sa lanterne pour nous éclairer. Accident ou bavure policière dans une cité, l’Etat va « faire la lumière », les excités de banlieue aussi, qui allument des feux de poubelles et de voitures. Les ministres et les parlementaires qui vont essayer d’apercevoir le fond du trou de la Sécurité sociale ou le fond de l’abîme du déficit budgétaire devront se munir de lampes bien puissantes. Les ministres ne sont que des allumeurs de réverbères, ou des lampistes, les vrais, qui sortaient de la lampisterie de la gare pour agiter leur lanterne, au départ du train de nuit.

Lorsqu’il arrive au bout du tunnel, à sa fin, il paraît que l’homme voit une grande lumière, blanche. Enfin.

 

L’attachée de presse de Johnny Halliday dément formellement une nouvelle que nous ignorions totalement, et elle nous rassure. A dire vrai, nous n’étions pas particulièrement inquiet à son sujet et le pensions dans les îles. Il n’a pas subi d’opération du côlon. Et quand bien même, il ne serait pas le seul. C’est un club qui se porte bien. Et puis, comme dit ma tante Jeannette qui se morfond dans son EHPAD : « Son côlon, il peut se le mettre où je pense ! »

 

Obésité. Dernières nouvelles du front. Le Président des Etats-Unis s’attaque au problème. Au Texas, dans sa prison, un homme cachait un pistolet 9 mm dans ses bourrelets. Où va-t-on ? On ne peut plus faire confiance au bon gros, au Bouboule de notre enfance, qui nous débarrassait de nos restes de goûter, qui finissait les plats à la cantine, pour qui on demandait du rab,  qui guettait pendant qu’on faisait le mur, qui prêtait toujours une oreille attentive à nos exploits, à notre retour, en s’empiffrant des croissants frais du petit matin que nous lui rapportions de nos expéditions nocturnes. Il ne pouvait nous accompagner, son poids lui interdisait toute escalade.

 

Le woofing est à la mode. Il s’agit d’aller aider des paysans, avec pour seule rétribution, le gîte et le couvert. Après guerre, ce système à longtemps prévalu. Les cousins, les oncles et tantes parisiens débarquaient pour aider aux travaux, la fenaison, les moissons, la batteuse. Mais ils n’avaient pas encore oublié leurs origines. Ils connaissaient le patois. Dans le cantou, la grand’mère toupinait, ou elle reprisait des chaussettes, elle ravaudait, ou elle gardait, au revers d’un talus, sous un parapluie qui aurait pu abriter tout son troupeau. On lui plaignait le sucre – c’est quelle devenait gourmande - et les yeux du bouillon. Si elle restait alitée, on lui faisait couver les œufs, sous sa couette, où on faisait aussi lever la pâte à pain. On faisait remailler les bas, on vendait les peaux de lapin. Les « vacanciers » du nouveau genre ignorent le mauvais côté des vaches, le fumier qu’il faut évacuer, les étables à nettoyer. Ils vont découvrir que la terre est basse. Et que l’agriculture est devenue industrielle. Qu’ils profitent de ces journées pour regarder le ciel, ce sont actuellement, les Perséides, étoiles filantes qui résultent du passage dans l’atmosphère de la comète Swift - Tuttle

 

En novembre, un artiste belge va exposer sa collection de slips dans une galerie parisienne. La manifestation aura un grand succès. Ce sont des slips de célébrités « ayant le sens de l’humour ». Où diable l’humour moderne va-t-il se cacher ?

Par ailleurs, on apprend que le monokini est en perte de vitesse, « beaucoup de femmes ayant intériorisé l’idée que pour montrer ses seins, il faut être belle »[2]. Si hommes et femmes pouvaient intérioriser l’idée que pour parler, il faut avoir quelque chose à dire…

A la piscine, on tente de lancer le «  burquini » ou le « burkini », fruit des amours coupables du bikini et la burqua, selon l’idée qu’une femme ne doit rien montrer du tout, même mouillée.

On vient de fêter les Laurent. Saint Laurent est mort sur le grill.[3] On l’honore le mois où les barbecues font fureur.

 

Et c’est ainsi qu’Allah est grand.

 

N.B. Les chroniques vont prendre quelque retard, vacances obligent. Mais vous ne perdez rien pour attendre.

 

 



[1] On croit, à tort, qu’il a inventé le feu pour se faire des crêpes et des grillades. C’était pour voir le fond de la grotte.

[2] David Le Breton, Anthropologie du corps et modernité

[3] On appelle parfois les Perséides les larmes de Saint Laurent

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