CHRONIQUE 36

Publié le

CHRONIQUES  2009

 

 

 

                                         TRENTE SIXIEME SEMAINE

 

 

Ecoutons Montaigne. Les rentrées. La randonue. Bambi. Le baromètre ovin. Grandeur consécutive d’Allah.

 

 

 

 

«  Le monde n’est qu’une branloire pérenne. Toutes choses y branlent sans cesse : la terre, les rochers du Caucase, les pyramides d’Egypte… Je ne puis assurer mon objet. Il va trouble et chancelant, d’une ivresse naturelle. Je le prends en ce point, comme il est en l’instant que je m’amuse à lui. Je ne peins pas l’être, je peins le passage… »[1]

 

Voilà qui me convient assez.

 

En ces temps de rentrée, je parlerai de la rentrée. Du plus loin qu’il lui souvienne, l’Homme rentre. Rentrée scolaire et universitaire, rentrée des tribunaux, rentrée parlementaire, du gouvernement, rentrée littéraire : six cent cinquante-neuf romans vont paraître ! Rentrée des vacances. Avant le Front populaire et les congés payés, on rentrait moins, puisqu’on ne sortait pas. On rentrait le foin, les récoltes, les pommes de terre. Il fallait rentrer les vaches, les poules, les fermer plutôt, généralement elles rentraient toutes seules. On rentrait le pan de sa chemise dans son pantalon. On rentrait sa colère, devant le patron ou le contremaître. On entrait en apprentissage et on travaillait sa vie durant, sans sorties, sauf une, mais c’était la dernière. On rentrait du service, on rentrait de la guerre, quand on rentrait, mais dans quel état. On rentrait ses larmes si on était un homme.

 

Je parlerai de la rentrée scolaire. Ca vous irrite aussi ces reportages convenus aux portes des écoles, avec maintenant les visages floutés des gamins, respect de la vie privée oblige, et ces intervioues des autorités, des syndicats, des parents d’élèves, de la dame-pipi, du psychologue, du psychiatre, du sociologue, avec des numéros spéciaux : « comment bien rentrer », « mon enfant entre en sixième, que dois-je faire docteur ? ». Un peu de nostalgie : vous vous souvenez de l’entrée en 6ème, pensionnaire, en dortoir, à la ville ? Rentrer ses larmes, déjà. Nos maîtres ne savaient pas que nous étions encore des enfants et, très vite, nous n’en étions plus.

 

Restons un peu plus en vacances puisque le temps nous y invite. Connaissez-vous la randonue ? Comme son nom l’indique, c’est une randonnée dans le plus simple appareil. On recommande toutefois les chaussures de marche, éventuellement une casquette, et un sac à dos contenant le casse-croûte et une jupette avec attache velcro rapide en cas de rencontre, notamment d’Auvergnat randonnant traditionnellement, en pantalon de velours et gilet de laine. Prévoir également la pince à épiler. Les ajoncs, les bogues de châtaignes, les ronces, les carlines peuvent, en effet, donner un certain piquant à la randonnée. On me dit que randonner nu, « c’est affirmer son identité et son moi ». Pour l’identité, c’est évident, elle apparait au grand jour. Quant au moi ?

 

Michael Jackson est enterré. « Bambi » avait toute sa vie recherché l’enfance qu’il n’avait pas eue. Il repose près de la tombe de Walt Disney. La boucle est bouclée.

 

Foire Nationale des Reproducteurs Ovins à Bellac. « La foire de Bellac est le baromètre de l’avenir ». C’est une évidence.

 

Et c’est ainsi qu’Allah est grand.    

 



[1] Montaigne, Essais, livre III, chapitre 2, « Du repentir », texte de 1588

Publié dans Chroniques

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article