CHRONIQUE 40

Publié le

 

CHRONIQUES  2009

 

 QUARANTIEME SEMAINE

 

économie et Économie. La recherche médicale. Boucheries. La pédagogie sonnante et trébuchante. Archéologie marxiste. Grandeur consécutive d'Allah.

 

Cette semaine, commençons par être économes. L'économie a été longtemps la mère de la Caisse d'Épargne qui le lui a bien rendu en étant avare de ses intérêts, aujourd'hui encore. Nos aïeux étaient économes par nécessité et, sou par sou, s'agrandissaient les lopins de terre et se montait le ménage, en ville, le service à fleurs des dimanches acheté avec les bons du Familistère. Mais je parlerai de la vraie économie, l'Économie. C'est une science. Elle a donc son vocabulaire qui permet aux initiés de parler entre eux, à l'abri des courants d'air que pourraient provoquer les béotiens en ouvrant grand les portes et en posant des questions naïves. Les Économistes vivent de l'Économie et ne sont pas économes de leurs idées. Ils viennent de nous faire part de la petite dernière, dans un rapport remis au Président : il s'agit d'évaluer le bonheur des peuples. Le P.I.B. ne le permet pas. Vaste programme aurait dit un autre Président. « … les philosophes constatent, d'une façon assez générale, que, sans bonheur, l'homme n'est pas heureux. »[1] Les Économistes ne sont pas loin, de penser la même chose, statistiques à l'appui.

Que nous sommes heureux de consommer. La live box nous comble. Li commerce est un plaisir ;  avec internet, je clique et c'est acheté. La banque, toujours elle, emprunte de l'argent à 1% à la Banque Centrale Européenne et me le prête à au moins 3,5%. J'en suis très heureux et je la remercie de cette générosité. Méfions-nous cependant de tous ceux, économistes ou non, qui voudraient nous rendre heureux.

Un jour, je parlerai des petits bonheurs. Les miens. Et sans doute reconnaitrez-vous les vôtres.

D'autres chercheurs, en médecine, cousins proches des précédents, viennent, après de longues études, de découvrir que les patients des classes sociales défavorisées ont deux fois plus de risques de mourir de la prostate que les privilégiés[2]. D'être obèses, ajouterai-je, de contracter et de mourir de la tuberculose, de la gale, du paludisme, de la dysenterie, de la malaria, que sais-je. La liste complète serait fastidieuse et je n'ai pas beaucoup cherché, n'étant pas chercheur.

Pensons à nos pauvres et malheureux laitiers. Qu'ils se consolent, au Kenya on met au point un programme d'abattage des vaches victimes de la sècheresse. Voilà des paysans qui ont la chance de ne pas avoir de problème de surproduction ni de production d'ailleurs. Et qu'est-ce qu'un éleveur qui ne possède plus de cheptel ? En Afrique, un habitant supplémentaire de bidonville. Et si on leur parlait du bonheur et de l'indice de bien être ?

Abattons les dauphins. Au Japon, dans la baie de Taiji, c'est quelque part, un endroit farouchement protégé où on piège les dauphins pour mieux les massacrer. 23000 par an. On en nourrit les enfants des écoles, c'est la tradition. Mais les animaux se vengent, à titre posthume en quelque sorte. Ils sont sursaturés de mercure.

Revenons à nos moutons. Des lycées vont rémunérer les élèves assidus. Qu'elle heureuse initiative ! La pédagogie sonnante (elle était déjà trébuchante depuis quelques années). Que n'y a-t-on pas pensé plus tôt ! Je connais un spécimen de cancre patenté qui aurait amassé un joli pécule. Vous l'avez connu, assis au fond de la classe. Tranquille, il menait sa propre vie, n'aspirait qu'à une chose, passer inaperçu. Bon camarade par ailleurs, sans histoires et toujours prêt à rendre service. D'une grande culture cinématographique, vesterne,  version spaghetti, il s'intéressait à tout ce qui n'était pas scolaire. Imbattable sur le tiercé, il prenait les paris pour toute la classe. Il vous procurait des cigarettes à prix réduit, savait trafiquer les babifoutes pour jouer gratuitement et possédait, entre autres trésors, au fond de son bureau, une collection de pinups qui faisait bien des envieux. Et il était assidu, à cause de son commerce. Après deux sixièmes et deux cinquièmes et un passage dans l'enseignement libre, on l'avait perdu de vue. Vous l'avez retrouvé un jour, directeur de votre agence bancaire. Il était tout disposé à vous placer, à des taux mirobolants, l'argent dont vous ne disposiez pas. Décidément.

Mais les temps ont bien changé. Qui ferait l'école buissonnière de nos jours ? La vraie.  Ça, vous prenait un frais petit matin de printemps, quand la brume est encore à mi-hauteur. Le temps de dissimuler le cartable dans la cache habituelle et vous filiez entre les haies, vers les laisses de la Dore, dans les prés encore inondés des débordements de l'hiver. Que risquait-on ? Un bain de pied intempestif et quelques bonnes paires de claques. Mais comment résister à la douce brise du sud qui, en cette saison, réussit à franchir les monts du Velay, du Cantal et du lointain Gévaudan, et le tout proche Livradois. « Ouvre tout grand, ouvre dans les chambrettes qu'on voit le vent gonfler les rideaux de coton, et puis je sors, passe moi mon bâton »... nous disait Henri Pourrat.

 

Les saints-juniauds ont entrepris des fouilles sous leur place Lénine. On a été déçu avec eux de ne pas trouver trace de Marx et Engels.

 

Et c'est ainsi qu'Allah est grand.

 

 



[1]    Alexandre Vialatte, Dernières nouvelles de l'homme, les maisons du bonheur. Julliard, Presses Pocket

[2]    Le Nouvel Observateur No2343 du 1er octobre 2009.

Publié dans Chroniques

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
E
<br /> C'est beau quand même les blogs! on a les chroniques quasi instantanément!pour une fois que les TICE ne me font pas CHIER, saluons bien bas!<br /> au rythme où va l'actualité du monde, il te faudra bientôt une chronique bi-hebdomadaire... les conneries vont plus vite que ta plume!<br /> <br /> <br />
Répondre
E
<br /> C'est agréable de lire tes chroniques, même si je ne comprends pas toujours tout! Continu à les mettres en ligne.<br /> Je t'embrasse fort!<br /> <br /> <br />
Répondre
P
<br /> C'est qu'ils suivent souvent l'actualité, il faut donc te tenir un peu plus au courant. Pour le reste, tu sais que ton Papy divague parfois un peu.<br /> Bisous à toi  et fais gaffe à l'ortho !!!<br /> <br /> <br />