CHRONIQUE 03-10

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CHRONIQUES  2010

 

TROISIEME  SEMAINE

 

 

Des quotas de femmes, de boursiers, de lait, de pêche, ethniques, de P.V., de quotas Du réchauffage des couches. Haïti. Les voiles. Grandeur consécutive d’Allah.

 

 

 

La question se pose et nous taraude, lancinante et obsessionnelle. Avons-nous atteint notre quota ? Les quotas s’imposent. Gare à vous si vous les avez dépassés, gare à vous si vous ne les avez pas atteints.

Le dernier en date, c’est le quota de femmes dans les conseils d’administration des entreprises du Caque 40. 40%. Pourquoi ce pourcentage ? Pourquoi pas 39,50 ou 42 ? Quelles sont les études qui ont conduit à cette norme ? Il est évident que la femme existe dans l’entreprise et on en voyait déjà dans quelques conseils. Elle apportait le café, les cigares, autrefois, ou faisait office de plante verte, en mieux, si elle était accorte. Maintenant elle pourra s’asseoir à la table, au bout. Mais, si elles sont plusieurs, il faudra les séparer, sinon elles discuteront chiffons. Ou recettes de cuisine. Et comment les désigner ? La cooptation parait la solution la meilleure. D’aucuns pensent à leur épouse (à cause des jetons de présence), d’autres à leur maîtresse (à cause des jetons de présence). Tous ne sont pas opposés à la mesure, d’ailleurs ils confient les clés de leur établissement à des femmes, dès la nuit tombée, pour le nettoyage des bureaux, c’est dire qu’ils ont toute confiance. Qui sait, elles n’auraient peut-être pas voté d’indemnités à leur président non exécutif, à Véolia[1] ?  Ou alors on n’applique pas la mesure et on s’acquitte des pénalités, après tout, depuis des années des municipalités n’atteignent pas leur quota d’H.L.M. et préfèrent payer.

Les quotas de boursiers dans les Grandes Ecoles ont aussi fait polémique. Là, c’est 30%.  Les Anciens se sont souvenus, à cette occasion, de débats au moins aussi anciens qu’eux. Plus[2] de filles dans les filières scientifiques. Pourquoi de Grandes Ecoles, spécialité française ? En quoi ce pourcentage va-t-il améliorer la scolarité en primaire et maternelle, permettre un enseignement différencié et faciliter l’intégration des défavorisés ? Pourquoi certaines régions, certaines filières, certaines universités scolarisent-elles autant de boursiers ?

Les paysans ont leurs quotas laitiers. Lorsque l’Europe les a institués, les producteurs étaient contre, maintenant que l’Europe a l’intention de les supprimer, ils seraient pour leur maintien. On n’a pas demandé leur avis aux  Prim’Holstein. En  attendant le prix du lait baisse.  A la production, pas à la pompe. Qui fait son beurre ?

Que dire des quotas de  pêche ? Les ressources ont été surexploitées. La morue s’est déguisée en cabillaud, en codfish, en bacalhau, l’aiglefin s’est teint en orange, au rocou, et s’est fait passer pour du haddock, rien n’y a fait. Quant à la sardine, on ne pêche plus que des boites vides et rouillées au large de la Mauritanie, sans huile. A Monterey, la rue de la Sardine est bien vide et silencieuse.  Il est vrai que l’Homme a pêché avec tout ce qui lui tombait sous la main, à l’asticot, à la sauterelle, à la pêche, aux moules moules moules, au chalut, à l’épervier[3], au vif, au mort, au missionnaire blanc, au chènevis, au lamparo, au couteau, à la cuillère, à la baleine, aux voix même[4]. Et en tous lieux, en eaux troubles. D’où des quotas pour essayer de protéger des espèces et assurer leur survie. Et on a sauvé de justesse le poisson rouge de l’appétit du chat. Le chat est fermement opposé aux quotas, à la chasse également. (Il existe en effet des quotas de chasse dans des plans de chasse).  Cet  animal  a peu de sens civique.

Restons dans les quotas. Que dire du quota ethnique, à la télé, aux Etats-Unis et peut-être même chez nous. La société est multiculturelle, alors on saupoudre. Là un noir, là un asiatique, ici un latino. Dans des rôles de potiches ou de seconds couteaux. La bonne conscience s’en satisfait.

Bonne conscience également pour le commissaire qui a atteint son quota de procès-verbaux.

L’Auvergnat a été victime de la méthode des quotas. Il a découvert qu’il existait une méthode des quotas, pour les sondages. En sa qualité de retraité, d’Auvergnat, de moustachu, d’ancien combattant blanc, de contribuable, d’amateur de saint-nectaire, allez savoir, de randonneur et de monogame avéré, une fort aimable jeune fille, avec un délicieux accent d’aéroport maghrébin, l’a désiesté, brusquement et téléphoniquement,  pour s’enquérir de ses goûts télévisuels. Il faisait partie de son panel. Il lui a péremptoirement déclaré que, compte tenu de son âge, il n’osait pas lui dire quels films le passionnaient, passé minuit, sur des chaînes confidentielles interdites aux mineurs, mêmes avertis. Il n’a pas su quelles cases elle avait cochées dans son formulaire.

Lassé de ces interruptions intempestives de son repos digestif, il a voulu proposer aux autorités l’établissement de quotas de quotas. Mais il avait déjà dépassé, lui a-t-on déclaré, son quota annuel de propositions.

 

 

Depuis la plus haute antiquité, l’Homme veille à son confort. Pour satisfaire sa clientèle tout en économisant l’énergie, une chaîne d’hôtels de Grande-Bretagne proposerait une manière nouvelle de réchauffer le lit de ses clients. A cet effet un employé utiliserait le lit quelques minutes avant eux et lui  communiquerait ses calories. La méthode n’a rien de nouveau. Les grands-mères auvergnates, les nuits de grande froidure, utilisaient un moine pour combattre la froide humidité des draps qui leur glaçait le sang, et les grands-pères n’étaient pas en reste. À défaut de brique brûlante, ils faisaient appel à une bouillotte. [5]  Et tous quatre s’en trouvaient bien.

 

 

Les Haïtiens morts sont morts. On sait ce que vont devenir les grands blessés mal en point. Les survivants eux ont faim, comme avant le séisme. Ils ont l’habitude. Et on voulait apporter notre pierre, mais à l’évidence, ils en ont en suffisance. La burqa peut donc refaire surface. On s’oriente vers un quota de 0%. Maintenant, il va falloir savoir de quoi on parle. La burqa n’est pas le haïk, ni le tchador, ni l’intégral, qui n’est pas le hidjab, ni le niqab, encore moins le jilbab. Ni le çarsaf.

Il n’y a guère nos femmes ne seraient pas sorties en cheveux, et les citadines portaient des gants. On en est aux microjupes.

 

 

Et c’est ainsi qu’Allah est grand.



[1] Un jour nous parlerons des retraités du chapeau et du chapeau des retraités

[2] Plus, c'est-à-dire : +. Ah,  la langue française !

[3] Il était auguste l’ample geste du pêcheur, lorsque, de sa barque à fond plat, il lançait adroitement son filet plombé qui touchait l’eau de la Dore dans une parfaite circonférence. Que sont devenus les gestes augustes, depuis que le semeur est mécanique et la varlope électrique ?

[4] Cette pêche n’est en principe ouverte qu’à certaines périodes dites électorales. On pêche au râteau,  pour ratisser large. On amorce à la démagogie, au baratin, aux promesses, à la burqua, à l’identité nationale, au culot…

[5] Bouillotte : n.f. de l’ancien français bouille.

Femme rondelette, au visage poupin, de commerce agréable, qui sait réchauffer les humeurs de ceux qui ont l’heur de lui plaire. « Recroquevillé au plus profond de son duvet, écoutant le blizzard s’acharner sur son fragile igloo, transi de froid et d’inquiétude, Nicolas, dans sa solitude, se laissait aller à rêver d’une bonne et vraie nuit sous la couette, avec une bouillotte bien chaude. » Nicolas Vannier, l’Attrapeur des Pôles

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