CHRONIQUE 28

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CHRONIQUES

 

2009

 

 

 

VINGT-HUITIEME SEMAINE

 

 

Le monde entier pleure Michael Jackson. Trouvons un refuge sûr. L’exposition de la galerie des Offices. Obsèques dorées. Grandeur consécutive d’Allah.

 

 

 

Les trompettes de la renommée sont aujourd’hui bien mal embouchées. Michael Jackson a reçu un hommage planétaire, dit mon journal favori.  Pour avoir mis le pied sur la lune, pour avoir  mis au point un vaccin contre le sida ou contre le paludisme, pour avoir combattu avec succès les fanatiques de tout poil, les ayatollahs de tous bords ? Un show médiatisé sur la terre entière ! Les Ouïgoures n’en ont pas perdu une miette, quoiqu’un peu décalés, et bien qu’ayant la tête ailleurs. Les Bonobos ont été très émus, ils auraient même interrompu quelques instants leurs ébats. Nelson Mandela a envoyé un message. Les Ossètes du Sud ont failli en perdre le Nord. Et puis le show. Un  show pour un tout juste refroidi, pauvre gosse qui n’avait jamais vraiment atteint l’âge adulte et dont on a exploité même la disparition, (vente des CD du DCD et des vidéos de la Vie des Aux - Delà).

La nouvelle a atteint les sucs des Monédières, mais les Monédières en ont vu d’autres, elles datent de bien plus loin que la plus haute antiquité. Elles font le dos rond devant ces agitations. Il convient de suivre leur exemple. Et de trouver un refuge sûr.

 

 Je conseille la galerie des Hospices. On y expose des sculptures de Camille Claudel et de femmes sculpteur qui ont suivi sa voie.[1] Du Camille Claudel donc, entre autres, l’innocente confiance de « La petite châtelaine », encore fillette, quoique…  le mélange de volonté et de fragilité de « l’Aurore »,  déjà jeune fille, au regard de défi tourné vers le ciel. Et puis, au fond de cette belle salle, des « Entrelacs » de Marinette Cueco, attrape - rêves faits de végétaux tressés, où sont tous les bruits et odeurs de la campagne, au loin un chien qui a un mauvais sommeil, les senteurs du foin au petit matin, à la fraîche, les craquements de la maison qui se réveille, des débandades de souris quelle que part au grenier et le frottement de la pousse de printemps du rosier de Mémé contre le volet de la chambre - il faudra bien le tailler, un jour -  … Et une installation, « Pierres captives », des galets de marbre emprisonnés dans des filets à mailles lâches sur un sable caribéen[2] à la blancheur éclatante. On cherche l’oiseau qui a pondu de tels œufs. On a ses plumes à deux pas de là, prêtes à s’envoler au loin, vers l’est, dans une lumière de premier jour, par la grâce d’Isa Barbier. Voyez « La forêt » de Germaine Richier, la véhémente douleur, comme le Christ de l’église du plateau d’Assy ….

 

Flânez longuement dans la salle, prenez votre temps, au-dehors Michael Jackson vous attend. Rassurez- vous, demain, Tour de France. Et tout sera oublié. Resteront « la Petite châtelaine »  et les œuvres de la galerie des Offices.

Dernières nouvelles : « il » repose dans un cercueil doré à l’or fin.   Au large de Ténériffe de nouveaux corps d’Africains qui, las de survivre au dessous du seuil du seuil de pauvreté ont risqué le tout pour le tout et ont joué de malchance, viennent d’être repêchés. Ont-ils eu droit à un cercueil ?

 

Et c’est ainsi qu’Allah est grand.      

 

 

 

                                                                                                      



[1] Jusqu’au 27 septembre 2009, entrée 1€, prix réduit : 0,50€

[2] En fait, de Fontainebleau.

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