CHRONIUE 50

CHRONIQUES 2009

CINQUANTIEME SEMAINE

Économies d'énergie. Fête des lumières au pays de Lug. Le bouchon. Un bout d'Auvergne coutelière. L'identité nationale. Grandeur consécutive d'Allah.

Cette semaine, je parlerai des économies d’énergie.

La France entière est maintenant sensibilisée et chacun fait son bilan carbone comme naguère son examen de conscience, avant confesse. Nos Vieux¹ donnent l’exemple. Pour leur voyage à Lyon, à la Fête des Lumières, ils utilisent le transport en commun, routier, et non l’avion. Cinquante deux dans un bus, le covoiturage à grande échelle en quelque sorte. Cela implique quelques sacrifices. Levés à cinq heures du matin pour les moins matinaux, ils finissent leur nuit dans le confort de leurs sièges, bercés par le monotone et lancinant  balayage hypnotiseur des essuie- glaces. Toujours économes, ils visitent la ville à pied, traboulent dans une lumière parcimonieuse, attention à la marche. Puis s’esbaudissent devant les illuminations² et les spectacles en couleurs, en plaignant sincèrement le Maire, le Préfet, l'Évêque qui ne doivent guère dormir avec leurs volets transpercés d’éclats lumineux. Et le bruit donc ! C’est économiquement encore qu’ils regagnent leur chambre, en trolley. Le lendemain tour de ville, en bus évidemment. Visite d'un atelier de soierie, mû par l'énergie humaine, utilisant les cartes perforées de Jacquard. Puis déjeuner dans un bouchon typiquement lyonnais, patron à tête de Gnafron, cheveux longs en plus, paraît-il danois croisé italien, serveuses bulgares. Serrés comme harengs en caques³,ils dégustent, avec des grâces et manières de passagers de vol charter à l'heure du plateau repas, un menu qui fait honneur à la gastronomie locale, et dont la cervelle de canut, bien chargée en oignons et échalotes les tiendra en haleine jusque tard dans la soirée.

Au retour, un arrêt dans la bonne ville de Thiers et une visite à pied s'imposeront. Une incursion au musée de la coutellerie fera comprendre à tous pourquoi les anciens thiernois avaient un bilan carbone excellent⁴, d'ailleurs inversement proportionnel à leur bilan santé⁵. Après un repas auvergnat où le bon cholestérol le disputera au mauvais⁶ ils reviendront repus et somnolents, mais trouveront encore suffisamment de ressource et d'ardeur pour entonner et reprendre en chœur, à l'initiative des meilleurs organes, la Chanson des Canuts, Mon pot' le Gitan⁷, la complainte de Mandrin, mon vieux chalet, toutes constitutives de leur identité bien de chez nous, « bonnes gens », comme disent les Bitords, les habitants de Thiers, pour les autres Auvergnats.

De retour à la maison, après une collation légère, encore émerveillés que leur pays soit si beau et si grand, (il va d'un bout à l'autre !) ils recalculeront leur bilan carbone, excellent au demeurant, eu égard au capital sympathie, convivialité, bonne humeur, accumulé.

Le ministre de l'Education nationale veut que l'histoire-géographie soit optionnelle dans la future série S du baccalauréat. Levée de boucliers au nom de l'identité. Mais, qui se souvient que l'on n'enseigne plus la littérature en classes terminales depuis bien longtemps ?

Et c'est ainsi qu'Allah est grand.

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