OCTOBRE 2011

Publié le

 

 

 

 

Octobre 2011

 

 

CHRONIQUE D’IMPETRANT

 

 

 

Malgré des douceurs estivales et des températures au-dessus des moyennes saisonnières, ce mois d’octobre aura été un mois de luttes et de fureurs. Et même de luttes finales. Des affrontements entre impétrants, le mot a fait florès. D’aucuns ont en effet empétré, non pas du Prince mais des électeurs, non une charge ou un bénéfice, mais l’avantage et l’honneur d’affronter notre Président lors des prochaines élections. On en a parlé à la télévision.

Octobre est le mois où nous avons gagné de haute lutte la Coupe du Monde de rugby. Enfin pas tout à fait, parce l’arbitre était contre nous et puis nos adversaires n’avaient pas remporté cette coupe  depuis très longtemps, alors …, et puis à un point près, on aurait pu. La consommation nationale de bière s’en est accrue en proportion, et le retour a été triomphal, on avait sorti les Champs Elysées pour l’occasion. Et le Président en exercice.

Et il a fallu lutter encore et encore contre la crise. Nos dirigeants ont repris leur matériel et leurs tenues d’alpinistes et sont repartis d’un pied ferme au bas de la pente, devant les micros, mais de plus en plus hésitant vers les hauteurs, dans les pierriers, et pourtant ils ne manquent pas de souffle ni d’air. Repartis vers les Sommets, à deux ou à plusieurs, encordés et bien souvent sans guide, ce qui a pu s’avérer très dangereux compte tenu de leur inexpérience. Autrefois les alpinistes s’attaquaient aux « K », leK2 fut particulièrement meurtrier, souvenez-vous de Walter Bonatti qui, abandonné à 8000m, faillit ne pas pouvoir redescendre. Maintenant on affronte des « G », le G20 notamment est terrible et tout aussi périlleux.

Et la petite Giulia tout juste née ce 19 octobre, n’a pu entrevoir son papa qu’entre deux portes, pressé qu’il était de retourner au travail au Sommet, sans attendre qu’elle ait fini son premier rôt, sans avoir pu la changer. Plaignons-le ; il ne pourra pas, avant longtemps, lui chanter quelque chanson douce pour l’endormir : « ma petite est comme l’eau, elle est comme l’eau vive… ». Avoir une fille et ne pas pouvoir en profiter ! Une enfant si précoce, elle est déjà la zia d‘un neveu plus âgé qu’elle …

Vraie lutte finale en Lybie, ce dictateur sorti de force de son trou d’égout, assassiné sur le champ, cette vision malsaine d’un cadavre exposé à la populace, dont les photos ont fait le tour du monde. Vous avez vu les spectateurs, ont leur avait distribué nos anciens masques H1N1, ainsi intelligemment recyclés. Leurs yeux trahissaient leur joie souvent, mais aussi l’horreur, la gêne, l’inquiétude même.  Lui aussi a été inhumé en cachette, lui aussi dans la mer, la mer de sable.

Et il vous est revenu à l‘esprit le traitement que certains fellaghas ont fait subir à des harkis, la guerre finie, après qu’ils aient été désarmés par l‘armée française dans ce coin des Bibans que vous avez bien connu. Le supplice de Smaïn Benchabane, le chef de la harka, livré à la vindicte populaire, tué horriblement sans jugement. Il avait une petite fille dont les yeux pétillaient de malice et d’intelligence, et un fils, une tête ronde solide, qui le soir lui  apprenait à lire et à écrire le français. Où la vie les a-t-elle emportés, eux qui n’étaient pas nés au bon moment, au bon endroit. La petite Djamila ( ?) avait appris et fredonnait une chanson bien de chez nous qui venait de sortir : « ma petite est comme l’eau, elle est comme l’eau vive … » alors qu’elle jouait avec ses copines dans le figuier qui ombrageait la fontaine.

Octobre a été dur pour les pauvres bougres, pour ce Creusois, sans travail et sans argent vivant avec sa mère, qui menaçait de se suicider ne pouvant plus résoudre son problème de chaudière qui ne fonctionnait plus. Quatorze heures pour le raisonner, alors qu’il s’était réfugié dans une chapelle du cimetière de sa commune. Peut-être va-t-on s’intéresser à son sort, maintenant.

Le vent défeuillu est arrivé, ce vent chaud du sud qui tourneboule les têtes et finit en pluies. Il va falloir balayer les prés. Dès la fin septembre on a arrêté l’arrosage des cucurbitacées, et le jardinier prévoyant les a isolées de la terre par un tesson de tuile.

Et on a célébré Georges Brassens. Oui, il est mort. Le 29 octobre 1981, et inhumé le 31. Et chacun est allé rechercher ses disques, pas bien loin, ils sont à portée d’oreilles et tous ont fredonné. Trente ans, c’était hier. Son dernier disque, « Trompe la mort », « …ce n’est pas demain la veille, Bon Dieu, de mes adieux ». Ce fut son dernier spectacle. Il nous avait appris les moustaches et à gratouiller la guitare (mais qu’il avait parfois des accords difficiles !)

Depuis la fin du mois nous sommes sept milliards d’humains sur Terre, dont un bon nombre d’inhumains, voir plus haut.

 

Opuscule du mois : D’un nouveau complot contre les industriels Stendhal, Editions du sonneur, où l’auteur s’élève contre la suprématie de l’industrialisme et la prééminence que s’arrogent les puissances d’argent.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On ne cultive pas assez les cucurbitacées. C’est un mot magnifique, aussi beau qu’impétrant.

La maman de la petite Giulia a dû chanter «  Fernande ». On la trouve encore sur You tube

Publié dans Chroniques

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article